top of page
  • Photo du rédacteurArnaud D'Hoine

Formaliser son projet professionnel



(Article publié à l'origine sur le site Les Déconfinés de l'IT)


« Dites-moi ce que vous proposez et je vous dirai si ça me plaît ».


Et si ce temps touchait à sa fin ?


A ce stade, bien malin qui pourra prédire avec exactitude à quoi ressemblera le marché du travail dans quelques mois. Nombreux sont les recruteurs parlant d'un renversement de tendance, notamment pour les profils IT - devs, dans lequel il faudrait désormais s’inscrire dans une démarche active de recherche et de communication pour se faire connaître des dénicheurs de talent et être choisi.


Ce changement risquant de chahuter quelques habitudes et croyances, autant tenter de s’y préparer pour l’intégrer le plus rapidement possible.


Il va donc falloir communiquer. Hop, on ressort CV et lettres de motivation qu’on met à jour et qu’on pomponne un peu, parce que c’est encore l’usage. On fait un peu de cosmétique sur son profil Linkedin et bim, dans les tuyaux, c’est parti vite fait bien fait. Sauf que non. Vous avez commencé par la fin. Vous venez de réaliser un film qui sera sans doute très joli, mais sans script. Sans autre objectif que « trouver du travail ». Comme des centaines, des milliers d’autres candidat.es peut-être. Et donc avec assez peu de chances de convaincre.


Et donc il va aussi falloir se montrer convaincant. Plus qu’avant. Et s’il y a une chose que ma première vie en RH m’a apprise, c’est que la conviction n’est pas tant liée à la compétence technique qu’à la capacité de partager une aspiration, un objectif, un projet professionnel. Et si je me fie aux réactions des candidat.es à la question « De quoi avez-vous envie ? », peu sont réellement préparés. Or une réflexion sur son évolution personnelle et professionnelle reste le meilleur moyen d’anticiper un environnement incertain voire chaotique.


A moins que vous ayez envie de ressembler à un pot de yaourt planté au milieu du rayon frais au milieu de dizaines d’autres références qui vous ressemblent (vous étiez un produit populaire sur un créneau porteur, normal qu'il y ait de la concurrence), vous pouvez prendre le temps de vous poser et de réfléchir à votre projet pour vous démarquer.


De quoi parle t-on ? D'un ou plusieurs objectifs qui vous font envie, pour lesquels vous allez établir un plan structuré étape par étape mobilisant des ressources, existantes ou à acquérir. Ce ou ces buts sont influencés par 3 critères :




  • Les débouchés sont la partie la plus pragmatique : turn-over, fourchettes de rémunération, perspectives d’évolution, opportunités en fonction du bassin d’emploi, etc. Une étude de marché, en somme.

  • L’examen des aptitudes requière de s’interroger un peu plus personnellement : quelles sont mes capacités ? Qu’est-ce que je sais faire ? Pour quoi suis-je doué ? C’est ce qu’on explore essentiellement en bilan de compétences

  • Mais ça ne dit rien de ce que vous aimez réellement faire. Ni de comment vous aimez le faire. Il se peut que vous soyez doué pour quelque chose que vous n’aimez pas particulièrement. Ou vous pouvez apprécier quelque chose pour lequel vous n’avez pas de talent naturel sur-développé. S’interroger sur ses goûts, c’est envisager de comprendre sur son fonctionnement interne. Et de commencer à comprendre comment vous prenez des décisions, entre une approche rationnelle, raisonnée et utilitariste (le petit Spock qui sommeille en vous) et quelque chose de plus viscéral, intuitif, guidé par les émotions (pensez à saluer votre Capitaine Kirk interne).




3 ZONES A EXPLORER AVANT DE VOUS LANCER


Pour que vos supports de communication s’avèrent efficaces, il faut avant tout savoir à qui vous vous adressez. Ou plus exactement, POURQUOI (les raisons) et POUR QUOI (les buts) vous souhaitez écrire à telle ou telle entreprise. Est-ce une sensibilité par rapport à un produit / un service ? A un type de management ? Au positionnement sur le marché ? A la culture ? Aux technologies ? A l’innovation ? L’idée n’est pas tant de s’arrêter à la réponse que de s’interroger sur ce que votre réponse va dire de vous, de vos modes de fonctionnement.

Evidemment pour certains métiers les environnements techniques peuvent suffire à justifier votre intérêt ou votre motivation. Mais cela risque d’être un peu court pour sortir du lot surtout si vous n’avez ni la certitude d’être le meilleur dans votre domaine ni celle d’être parfaitement indispensable.


Aussi pouvez-vous remonter d’un cran dans la réflexion et explorer votre « projet ». Là encore ce n’est pas tant l’approche fonctionnelle qui est intéressante (« ce que je veux faire / comment je veux le faire ») que le rapport que vous avez envie d’entretenir avec vos missions. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse, juste les vôtres et aucune source de motivation n’est plus ou moins légitime que les autres : gagner un max de pognon, avoir un équilibre vie pro / vie perso correct, avoir des responsabilités, apprendre, l’impact éventuel sur la collectivité, être utile, être reconnu, être expert, etc. Remarquez toutefois une chose : quelle que soit la réponse, elle ouvre une autre porte, encore plus riche d’enseignements sur vous. « Etre riche », dans quel but ? A partir de quel niveau de rémunération ? Ou bien s’agit-il d’une autre forme de capital, social, intellectuel ? « Avoir des responsabilités », qu’est cela veut dire POUR VOUS : piloter un projet à 100 millions d’euros ? Encadrer 3 stagiaires ? Défendre vos idées et convictions face à un auditoire hostile ? Est-ce en collectif ou en solo ? Quels seront les critères qui rendront l’équilibre vie pro / vie perso acceptable ?




Finalement, quels sont les jalons qui vont vous permettre d’évaluer la progression vers ce qui est important pour vous dans votre rapport au boulot ? Si vous les avez et êtes capable de les formuler et de les argumenter simplement et clairement, vous êtes sur la bonne voie.

Si là encore cela vous semble confus, il est temps de revenir à l’essentiel : vous.

Qui êtes-vous ? Quelle est votre identité ? Quelles sont vos croyances ? Vos valeurs ? Quels besoins fondamentaux traduisent-elles ? Quelle est votre histoire ? Quels sont vos spécificités, votre style ? Vos compétences relationnelles, comportementales ? Vos centres d’intérêts ? Votre univers ? Qu’est-ce qui fait qu’en vous levant le matin, vous aurez la pêche et la conviction que ce sera une belle journée ? Une fois cette journée achevée, vous êtes satisfait : qu’avez-vous fait ou vécu ? Que s’est-il passé pour vous faire dire que ces dernières 24h étaient chouettes ?

Si vous commencez à y voir plus clair sur vos modes de fonctionnement, vos attentes, vos besoins, vos ressources, il est temps de les prioriser. Pour ce faire, il existe un petit exercice assez simple.

Prenez une feuille et dessinez-y un arbre. Vous pouvez tenter le cactus mais c’est moins parlant. Si vous le souhaitez et le pouvez, n’hésitez pas à le faire sur un A3 et munissez vous de Post-It.

Délimitez une 1ère zone couvrant les racines et le tronc : ce sera votre espace « indispensable ». Puis une deuxième englobant les branches et le feuillage : ce qui vous semble « important ». Une dernière avec la cime : le « nice to have », le bonus (vous pouvez en rajouter une quatrième au sol symbolisée par un tas de feuilles mortes : ce dont vous souhaitez vous débarrasser). L’idée est de prendre l’ensemble de vos besoins et de les hiérarchiser selon le degré que vous leur prêtez. Prenez le temps de réfléchir, de bouger certaines idées (d’où l’intérêt des Post-It) avant puis de vous poser deux questions pour chaque item :

Comment cela va-il se traduire dans mon environnement professionnel ?

Quelles actions vais-je mettre en place pour garantir l’atteinte de ces éléments ?


Vous êtes désormais sur la voie d’un projet professionnel répondant aux critères S.M.A.R.T auquel je rajouterai le E pour « écologique » :


  • Spécifique : votre projet peut être formulé de manière simple, concise et compréhensible en 2, 3 phrases.

  • Mesurable : vous savez à l’aune d’éléments quantifiables si vous êtes sur le bon chemin ou si vous êtes en passe d’atteindre votre destination.

  • Atteignable et Attirant : vos buts sont sources de motivation, misant sur vos ressources et votre capacité à aller chercher ce qu’il vous manque sans être inatteignables.

  • Réaliste : Les conditions extérieures sont compatibles avec votre objectif. Le job, l’environnement que vous recherchez existent-ils là où vous regardez ?

  • Temporalisé : sans nécessairement savoir précisément où vous serez dans 3, 5 ou 10 ans, avoir une borne temporelle facilite la mise en place du plan et l’organisation.

  • Ecologique : votre projet pro est-il ok du point de vue de votre écologie personnelle ? Est-il responsable pour vous et votre environnement ?


Comme le dit Simon Sinek, les clients n'achètent pas ce que vous faites, mais plutôt POUR QUOI vous le faites. Et s'il en était de même dans la relation à construire avec un potentiel employeur?


 


Même dans un monde où tous les candidats traqueraient les recruteurs, un projet professionnel clair, personnel, authentique constituera la base d’une démarche de self-marketing destinée non pas à vous « vendre » mais bien à vous faire choisir. Être au clair sur vos intentions, les moyens à déployer, vos besoins et vos apports est bon pour votre confiance. Si vous êtes confiants, vous inspirerez confiance et c’est ce que vous voulez quand, à compétences équivalentes, le recruteur aura un choix à faire.

Bien sûr tout ceci n’a pas à être entrepris seul. Si vous avez déjà avancé dans votre réflexion, ou si vous avez un projet dont vous aimeriez discuter, recourir au CEP (Conseil en Evolution Professionnelle) est une possibilité, gratuite qui plus est.

https://travail-emploi.gouv.fr/formation-professionnelle/droit-a-la-formation-et-orientation-professionnelle/CEP

0 commentaire
bottom of page